Maître, vous avez la parole
Même si leur passé n’est pas glorieux en tous points, et si leur avenir est incertain, les avocats n’ont pas à rougir : ils sont les héritiers des Lumières, de l’humanisme et de la Raison !
Observés de l’extérieur, ils font l’objet, en gros, de deux visions : celle de Lucien Karpik et celle d’Edouard Delruelle. Pour Lucien Karpik, sociologue français, qui a écrit “Les avocats. Entre l’Etat, le public et le marché“, ils ne sont pas une simple addition d’individualités mais constituent, malgré les tensions et les divisions, un acteur collectif doté d’une permanence dans l’histoire et au service du bien commun.
Vision beaucoup trop romantique, objecte le philosophe Edouard Delruelle, pour qui l’avocat n’est que le mandataire de son client et rien d’autre. S’exprimant à l’occasion du bicentenaire du barreau de Liège, il relevait que, face à l’avocat qui défend le faible, il y a toujours l’avocat qui défend le fort (les multinationales, les églises, les patrons, l’Etat lui-même et l’ordre établi) … Pas faux…
N’empêche, Karpic a raison quand il distingue, à côté du “mandat restreint“, un “mandat étendu“, qui fait des avocats les défenseurs naturels des libertés et le célèbre “contre-pouvoir légitime”. Sous l’ancien régime déjà, les avocats se sont illustrés par des combats incessants et retentissants : en faveur de la liberté de religion contre le pouvoir de l’église, aux côtés des communautés paysannes contre le pouvoir aristocratique et aux côtés des citoyens opposés au despotisme royal. Et, ce n’est pas sans raison que, les enviant, le sagace Voltaire qualifiera leur profession de “plus bel état du monde“.
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Article de La Tribune du 22 février 2018
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