Combien de fois avez-vous assisté à une réunion ou à un séminaire où, ennuyé, vous aviez du mal à vous concentrer sur ce que l’orateur voulait dire, même si la présentation était intéressante en soi ? Combien de fois avez-vous, en tant qu’orateur, constaté que vous n’arriviez pas à transmettre efficacement votre message à votre public, alors qu'il était vraiment important que les auditeurs saisissent les points essentiels ? De nombreux orateurs commettent encore et encore les mêmes erreurs lors d’une présentation : oublier la communication non verbale, utiliser des diapositives surchargées, etc.
Avant de commencer : réfléchissez au pourquoi
Avant même de commencer à parler (ou à préparer votre présentation), il faut se poser deux questions : (i) Qui voulez-vous atteindre ? et (ii) Que voulez-vous atteindre ? Adaptez à la fois votre message et la manière de le transmettre en fonction de cela. Devez-vous convaincre un conseil d’administration de la bonne solution juridique à un problème ? Voulez-vous motiver une équipe pour un projet ? Voulez-vous informer des clients du lancement d’un nouveau produit ?
Prêter attention au non-verbal
Dans les années 70, le psychologue Albert Mehrabian a sorti des résultats de recherche étonnants : dans la communication, ce que vous dites joue un rôle mineur ; bien plus important est la manière dont vous le dites. Les pourcentages qu’il a présentés sont révélateurs : 55 % est déterminé par le langage corporel (posture, gestes, expressions faciales) et 38 % par l’utilisation de la voix (intonation, volume, hauteur). Il ne reste donc que 7 % pour les mots que vous utilisez effectivement. Cela a été connu sous le nom de la « règle des 3V » (55 % de la communication est visuelle, 38 % vocale, 7 % verbale).
Est-ce que cela vous surprend ? La plupart des orateurs et des auditeurs estiment autrement. Cela dit, nous devons nuancer ces chiffres très extrêmes. Mehrabian les a tirés d’une expérience spécifique où ce qui était dit différait de la manière dont c’était dit. Par exemple : l’orateur affirme « Je ne suis pas en colère », mais semble clairement en colère. Dans de tels cas, les auditeurs accordent plus d’importance à l’expression et à la posture. Cependant, les résultats ont été rapidement extrapolés à toute communication orale et ont pris une vie propre.
Que faire de cela maintenant ? Même s’il faut nuancer la règle des 3V, il faut en tenir compte. Des recherches ultérieures de divers collègues de Mehrabian démontrent que le non-verbal joue en effet un rôle important. Utilisez donc la posture, les expressions faciales, la hauteur de la voix et l’intonation pour soutenir votre message. C’est ce qu’on appelle la congruence. Votre message passe mieux lorsque vous harmonisez votre verbal et votre non-verbal.
Trois conseils concrets :
- Regardez votre public. Les orateurs inexpérimentés ont tendance, par nervosité ou peur de parler en public, à regarder (par)tout (leur présentation PowerPoint ou leurs notes, le plafond, le sol) sauf leurs auditeurs. Malheureusement, cela pourrait être perçu comme de l’indifférence ou un manque de confiance en soi. Maintenez le contact visuel. Surtout au début et à la fin de votre présentation, c’est crucial. Vous dégagerez de la confiance (en vous). Ne choisissez pas un seul point focal. Si vous regardez constamment la même personne, elle peut se sentir mal à l’aise. Préférez la méthode du balayage, où vous regardez lentement tout le public (« balayez du regard »). Ainsi, tout le monde se sent impliqué.
- Faites attention à votre posture. Les choses à ne pas faire sont évidentes : (i) ne vous tenez pas avachi, car cela vous fait paraître désintéressé, (ii) ne soyez pas trop décontracté, car cela peut vous faire paraître arrogant, (iii) ne soyez pas raide, car cela vous fait paraître hésitant. Les coachs de prise de parole recommandent parfois une « pose de pouvoir ». Mais si vous n’êtes pas habitué, cela paraîtra artificiel. Optez plutôt pour une posture naturelle. Et surtout, ne restez pas immobile, mais bougez. Sortez de derrière ce pupitre ; ne vous cachez pas, mais utilisez tout l’espace dont vous disposez. Ici encore, recherchez l’équilibre : marchez calmement sur la scène, mais évitez de faire les cent pas.
- Gestes subtils. Accompagnez votre discours avec des gestes subtils. Si vous êtes sur une « scène », vous pouvez exagérer légèrement les gestes, mais n’en faites pas trop. Cela ne doit pas distraire du message. Des mains ouvertes sont un signe d’ouverture et inspirent confiance, des mains fermées et des doigts pointés peuvent paraître agressifs. Et si vous parlez à un public international, vérifiez si certains gestes, normaux pour vous, n’ont pas une signification négative dans une autre culture.
Quand PowerPoint prend votre place
De nos jours, les diapositives sont presque incontournables lors d’une présentation. Cependant, une mauvaise utilisation des diapositives peut complètement gâcher votre présentation. En utilisant des diapositives et d’autres supports visuels, les orateurs commettent deux erreurs classiques : (i) mettre beaucoup trop d’informations sur vos diapositives, (ii) ne plus prêter attention qu’aux diapositives et oublier le public. Certains orateurs plaident même pour ne pas utiliser du tout de diapositives.
Il n’est pas nécessaire d’aller si loin, rappelez-vous que les diapositives ne doivent que soutenir votre message. Ce n’est qu’un instrument pour aider à transmettre ce que vous voulez dire. Vous n’avez donc pas besoin de mettre tout ce que vous dites sur les diapositives. Limitez-vous à quelques points clés. Sinon, vous risquez que le public ne vous écoute plus, mais lise seulement ce qui est écrit.
Quelques erreurs à éviter :
- Trop de texte sur une seule diapositive. Une diapositive = une idée. Une bonne règle de base est : un maximum de six lignes et un maximum de six mots par ligne.
- Fautes de langue sur vos diapositives.
- Trop de diapositives. Avez-vous déjà vu un orateur où vous pouviez déjà voir dans votre dossier qu’il avait plus de 100 diapositives à présenter ? Soyons honnêtes. Vous n’avez pas vraiment envie d’écouter son discours.
Faites attention à ce que vos diapositives ne dominent pas vos propos. Les diapositives peuvent servir de support, mais ne vous laissez pas guider par elles. Ne lisez donc pas les diapositives, mais racontez votre histoire et maintenez le contact visuel.
Lorsque vous commettez les deux erreurs mentionnées, vous risquez de faire une présentation terne et ennuyeuse. L’humoriste Arnout Van den Bossche a fait un sketch très drôle à ce sujet.
Une note positive pour les orateurs qui ont peur de parler en public
Vous n’avez pas besoin d’être un grand causeur pour être un bon orateur. Même les introvertis peuvent le faire. Un orateur plus introverti peut avoir d’autres points forts, par exemple en dégageant de la tranquillité. Toutes les présentations n’ont pas besoin d’être un one-man-show spectaculaire.
Tout le monde peut apprendre à parler en public. Pour la présentation, c’est la même chose que pour toute compétence (professionnelle) : s’entraîner, encore et encore. Même cet orateur flamboyant qui captive tout le monde avec son discours l’a appris avec des essais et des erreurs.
Deux atouts pour une présentation réussie que tout le monde possède :
- L’intégrité. Vous voulez avant tout paraître sincère et authentique en tant qu’orateur. Si vous aimez l’humour, intégrez une blague. Si vous n’êtes pas naturellement drôle, ne vous forcez pas à être drôle. Vous n’êtes pas un feu follet ? Pas de problème, vous dégagerez sans doute beaucoup de calme. Utilisez vos propres forces.
- La passion. La passion pour votre sujet est contagieuse. Croyez en votre message, car si vous n’y croyez pas vous-même, vous ne pouvez pas convaincre les autres.
L’intégrité et la passion sont plus importantes que la perfection. Vos auditeurs vous pardonneront certainement une petite erreur, si vous arrivez à les captiver avec votre histoire.
Wim Putzeys, rédacteur en chef Jubel
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