Le numérique sera l’outil de coopération incontournable entre les acteurs de justice du 21ème siècle.
Les nouvelles technologies se sont massivement engouffrées dans le domaine du droit : courrier électronique, logiciel de gestion, numérisation des documents, base de données, GED, CRM, etc. De nouveaux outils, destinés à l’amélioration de la communication, de la collaboration, de la recherche et de l’automatisation apparaissent, tant en interne qu’en externe (Extranet, Visio-conférence, plateformes collaboratives, etc.).
Avec l’apport de l’intelligence artificielle, se développent de nouveaux services dans le domaine de la connaissance, de la production automatisée de documents, du référencement d’avocats ou de services juridiques, de la prospective des décisions judiciaires, ou encore de la gestion de projets. « On rentre dans une économie en sablier où la faible valeur ajoutée doit être traitée au coût le plus bas en ayant une approche plus industrielle via des process et la technologie et avoir un capital humain, donc ici des juristes, qui se concentre sur la forte valeur ajoutée », dixit Olivier Chaduteau (Day One).
Ces technologies plus poussées, basées sur le potentiel offert par le Big Data, se sont développées aux Etats-Unis avec des start-up comme Rocket Lawyer, Ross (basée sur la technologie Watson d’IBM) ou LegalZoom, qui trouvent aujourd’hui leur équivalent en France avec Doctrine.fr, Legalstart, Captain Contrat ou encore Predictice. Ces sociétés développent des services allant de la recherche juridique précise en vue de trouver la meilleure solution allant de la production de documents à la résolution en ligne des litiges.
Cette révolution technologique est accélérée par l’innovation disruptive des LegalTech
Ces évolutions vont ouvrir des portes à des services juridiques de proximité par l’automatisation du service, la réduction des coûts et la mise à disposition gratuite de la connaissance. Elles vont pousser les acteurs juridiques à externaliser des tâches à la valeur ajoutée trop faible ou encore à revoir leurs structures de coûts.
En effet, nombreux sont aujourd’hui les particuliers ou les PME à se passer d’un avocat pour réaliser des actes juridiques simples ou des contrats, mais aussi pour porter leurs affaires devant la justice. Simple d’utilisation, avec un service rendu immédiat, des explications claires et intelligibles et une transparence sur les prix, ces nouveaux acteurs séduisent de plus en plus d’utilisateurs. Mais ce qui fait aussi leur succès, au-delà de tous ces avantages, ce sont les tarifs proposés, bien en deçà de ceux des professionnels du droit. Les LegalTech contribuent ainsi à démocratiser le droit et la justice. Ces nouveaux entrants vont augmenter la taille du marché du droit, en créant de nouveaux besoins – ou en répondant à des besoins non satisfaits (petits litiges, services en ligne, etc.).
Le marché du droit a donc entamé sa mue. Certains craignent “l’ubérisation” : une part de la valeur de la prestation juridique pourrait passer des mains de l’avocat à celles des intermédiaires et prestataires non réglementés, plus efficaces en marketing et en créations de services.
Les professions juridiques ont tardé à développer leur présence en ligne ainsi qu’à remodeler leur offre afin de s’adapter aux particularités de la vente sur Internet. Les entrepreneurs ont su tirer parti de cette absence d’adaptation de la part des métiers du droit, et se spécialiser dans la mise en place de plateformes permettant aux avocats d’acquérir de la clientèle par le biais d’autres canaux.
Une vision prospective basée sur les valeurs fondamentales de l’avocat
Comment réagir face à ce mouvement ? Non par la peur ou la résistance, mais en développant une vision prospective et en se recentrant sur la plus-value de l’avocat. Celle-ci repose sur le capital de confiance que la profession véhicule avec ses valeurs essentielles d’indépendance et de secret professionnel. A cela s’ajoutent des compétences et des expertises pointues (savoir-faire) lesquelles devraient se combiner avec une attitude bienveillante d’écoute, de collaboration et de communication (savoir-être). C’est sur base de ce capital que la profession doit se réinventer. Tous les avocats sont concernés. Ils doivent être aidés à franchir cette étape et à utiliser les nouveaux outils pour construire leur avenir sereinement.
Et ce ne sont pas seulement les avocats qui doivent se transformer, mais tous les acteurs de Justice. La Belgique a pris du retard, comme l’ont relevé les enquêtes de la Libre et de l’Echo cet été. La Justice est en papier. Les communications se font pour la plupart par courrier. Les agendas ne sont pas en ligne. Les magistrats détiennent un matériel informatique obsolète.
« Nous devons être des acteurs de l’informatisation de la Justice et prendre nos responsabilités. En sachant que les caisses de l’État sont vides, si nous ne bougeons pas, la Justice, en Belgique, restera ce qu’elle est : une Justice en papier. Ce qui a manqué à la Justice jusqu’à présent, c’est une administration forte et une vision » dixit Jean-Pierre Buyle, président d’AVOCATS.BE.
Il n’est pas trop tard, mais il est temps de monter dans le train du numérique.
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