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GUBERNA entend stimuler la bonne gouvernance dans toutes les organisations et se fonde, à cet effet, sur des rôles clairs, des processus décisionnels de qualité, ainsi que des principes d’éthique et d’intégrité. La Gouvernance englobe naturellement leadership, esprit d’entreprise et recherche d’un équilibre entre audace et action. L’objectif ultime est la création d’une valeur durable. GUBERNA veut surtout exercer un impact et a l’ambition de devenir la norme par excellence en Belgique sur le plan de la bonne gouvernance pour tous types d’organisations. Nous voulons devenir le Preferred Partner pour tous les acteurs de la gouvernance, être un centre de connaissances, proposer des formations, sous-tendre la mise en œuvre de la gouvernance, et échanger les expériences et meilleures pratiques via le réseautage . Découvrez le réseau de GUBERNA de plus de 2500 acteurs de la gouvernance (administrateurs, actionnaires, top managers et dirigeants). |
GUBERNA a mené une recherche sur l’innovation. Quels sont les atouts de nos PME ? Et quels sont les points de travail ? Vous trouverez ci-dessous un texte sur leurs conclusions. Vous trouverez la version intégrale sur le site de GUBERNA.
Les PME occupent une place très importante dans l’économie belge : pas moins de 99,8% des entreprises assujetties à la TVA sont des PME[1]. Ainsi, si la Belgique veut avoir un paysage d’entreprises très innovant, l’innovation devra venir du cœur de toutes nos PME. Cependant, il subsiste parfois l’idée que la “véritable” innovation n’appartient qu’aux “happy few” des start-ups de haute technologie ou que seules les “grandes entreprises” disposent de ressources suffisantes pour lancer des projets d’innovation percutants. C’est un mythe qui peut facilement être défait. Les PME belges, des plus petites aux plus grandes, sont déjà innovantes dans toutes sortes de domaines…
Ainsi, les PME belges ne sont certainement pas en mauvaise posture en matière d’innovation. Mais, bien sûr, il y a toujours place à l’amélioration…
Par exemple, une enquête menée auprès de 16 PME flamandes montre que la politique d’innovation est souvent écartée de la liste des priorités parce que les activités quotidiennes de l’entreprise absorbent tout le temps disponible. Après tout, lancer un processus d’innovation implique beaucoup de travail. Dans les grandes entreprises, le travail juridique et financier associé est pris en charge par un juriste/comptable d’entreprise; dans les petites entreprises, cela retombe souvent en grande partie sur les épaules de l’entrepreneur, qui de toute façon n’a déjà que trop peu de ressources.
Bien sûr, il est important de le faire de manière réfléchie. C’est là que le bât blesse pour les PME : les entrepreneurs interrogés indiquent qu’ils ont trop peu de connaissances des nouveaux marchés et des modèles d’entreprise adaptés qui en découlent. De plus, ils manquent de temps pour acquérir ces connaissances indispensables.
L’impact d’un conseil d’administration sur l’innovation
Les entrepreneurs de PME sont souvent myopes sans s’en rendre compte. Ils sont tellement préoccupés par le maintien de la société “en marche” au jour le jour qu’ils ont parfois trop peu d’yeux pour l’avenir stratégique. La passion et la vision abondent, mais souvent il leur manque une véritable stratégie et c’est précisément cette stratégie qui est si importante pour orienter une trajectoire d’innovation.
Un autre obstacle à l’innovation dans les PME souvent mentionné est la limitation des ressources : le manque de moyens financiers, en particulier, est un obstacle majeur pour les PME belges. Les chiffres montrent que les PME européennes sont très dépendantes des banques pour le financement externe (environ 70 % contre 40 % aux États-Unis). Dans le même temps, la Belgique est le deuxième pays où il est le plus difficile d’obtenir un prêt bancaire. Les petites PME, en particulier, ont des difficultés à obtenir un financement bancaire à long terme (50 % des micro-entreprises contre 15,60 % des grandes PME).
Cependant, l’enquête sur le financement des PME de 2014 menée par le SPF Economie a montré que la plupart des entrepreneurs n’ont pas une connaissance suffisante des différentes possibilités de financement.
Un élément qui a une influence positive sur la capacité d’innovation d’une PME est “l’intégration en réseau” : le degré d’intégration d’une PME dans un réseau d’organisations (entreprises, écoles supérieures/universités, institutions publiques…). Les PME belges sont les meilleures de la classe européenne en matière d’innovation ouverte (travailler ensemble pour innover) et cela paie. Un conseil d’administration ou un conseil consultatif actif garantit aux PME l’accès à un réseau plus vaste, ce qui peut avoir un effet positif sur l’innovation ouverte.
La raison principale pour laquelle les PME sont relativement plus actives dans les réseaux d’innovation que les grandes entreprises est précisément que leurs ressources sont beaucoup plus limitées. En travaillant ensemble, elles peuvent surmonter cet obstacle à l’innovation. Toutefois, ces réseaux présentent également des défis spécifiques. Parfois, les différentes entreprises du réseau font passer leurs propres intérêts en premier, au détriment des autres entreprises.
Innovation et création de valeur durable
L’innovation est l’un des 17 objectifs de développement durable, à savoir l’objectif 9 : industrie, innovation et infrastructures. Cet objectif comprend : “promouvoir une industrialisation inclusive et durable grâce à des technologies plus propres et respectueuses de l’environnement, à une recherche scientifique accrue et à un meilleur accès aux technologies de l’information et de la communication…”. L’innovation est donc un objectif en soi puisqu’elle est une force motrice dans la réalisation des autres objectifs. Toutefois, l’innovation ne conduit pas automatiquement à la création de valeur durable.
Une innovation peut être durable au sens large du terme et non durable selon cette définition plus spécifique. Cependant, les entreprises doivent se rendre compte que ces deux définitions convergent généralement. Les consommateurs, par exemple, s’intéressent de plus en plus aux valeurs sous-jacentes de l’entreprise, à la manière dont elles se reflètent dans le produit et à leur conformité avec leurs propres valeurs. Un client soucieux de l’environnement sera donc de moins en moins enclin à acheter un produit polluant, même s’il existe encore un écart important entre les préférences des consommateurs et leur comportement d’achat (écart intention-action).
Cela est d’autant plus vrai pour les PME que des recherches récentes de l’Union Européenne ont montré que les PME rencontrent beaucoup plus d’obstacles que les grandes entreprises lorsqu’elles envisagent l’éco-innovation. L’éco-innovation est : “……the production, assimilation or exploitation of a product, production process, service or management or business method that is novel to the organisation and which results, throughout its life cycle, in a reduction of environmental risk, pollution, and other negative impacts of resource use compared to relevant alternatives”.
L’innovation nécessite-t-elle un autre type de gouvernance ?
Maintenant qu’il est clair que l’innovation est une condition nécessaire à la création de valeur durable et que la bonne gouvernance est une valeur ajoutée évidente dans le pilotage, la conduite de l’innovation, il ne reste plus qu’à se demander à quoi doit ressembler exactement la bonne gouvernance ?
Tout d’abord, l’innovation requiert des connaissances et des compétences très spécifiques.
Deuxièmement, la véritable innovation est plus risquée que les activités normales des PME. Après tout, il est très difficile d’innover sans prendre de risques. C’est pourquoi il est important que les employés, la direction, le conseil d’administration et les actionnaires partagent une culture caractérisée par un certain appétit pour le risque. L’accent devrait être mis sur la création de valeur plutôt que sur la protection de la valeur.
Troisièmement, et dans le même ordre d’idées, l’innovation nécessite un horizon d’investissement à long terme. Une véritable innovation prend du temps. C’est pourquoi il est crucial que les actionnaires ne se contentent pas d’avoir un certain appétit pour le risque, mais qu’ils soient également patients.
Enfin, qu’en est-il de la relation entre les administrateurs dépendants et indépendants ? Il est certainement important d’avoir un nombre suffisant « d’insiders » critiques au sein du conseil d’administration, précisément parce qu’ils sont étroitement impliqués dans le projet d’innovation et connaissent donc très bien les complexités spécifiques du projet.
La bonne gouvernance conduit à une meilleure innovation, mais l’innovation conduit-elle aussi à une meilleure gouvernance ?
Dans les sections précédentes, nous avons examiné en détail comment un conseil d’administration et une bonne gouvernance en général peuvent contribuer à des PME plus innovantes. Toutefois, l’inverse est-il également vrai, à savoir que l’innovation contribue à une meilleure gouvernance ? Ici aussi, l’idée reçue selon laquelle la digitalisation d’un conseil d’administration ou d’une assemblée des actionnaires par l’utilisation de nouvelles technologies est uniquement réservée aux grandes organisations en raison du prix de revient, reste très répandue. Cependant, la crise du Covid-19 nous a obligés à ajuster ce tableau de plusieurs façons. S’il est vrai que toutes les technologies ne sont pas à la portée d’une PME et qu’une numérisation aussi poussée du conseil d’administration ou de l’assemblée générale n’est pas vraiment nécessaire pour les plus petites organisations, de nombreuses PME tirent profit de l’exploration des options numériques. Investir dans un outil de conférence sécurisé et/ou un portail virtuel pour les réunions du conseil n’est certainement pas un luxe. Par exemple, un portail virtuel centralise tous les documents et les remarques afférentes, les notes relatives à votre conseil sur une plate-forme sécurisée.
La bonne gouvernance, l’innovation et la digitalisation se renforcent mutuellement
Il est clair qu’un conseil, qu’il soit consultatif ou d’administration, peut avoir un impact positif sur la capacité d’innovation de nos PME belges. De l’élaboration d’une stratégie claire à la fourniture d’une expertise financière, en passant par la création d’un réseau de soutien à l’innovation ouverte, un conseil d’administration peut faire la différence sur tous ces éléments essentiels à une innovation réussie. La bonne gouvernance contribue donc à la création de valeur durable à long terme. D’autre part, l’innovation et la numérisation peuvent également porter la gouvernance à un niveau supérieur dans nos PME belges. Dans cette série de 10 épisodes, nous mettons en lumière chaque mois un aspect de cette interaction. N’oubliez pas de consulter notre bulletin d’information du mois d’octobre.
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